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FURAX BARBAROSSA – Rap sombre / Toulouse

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Des lyrics acerbes. Une voix puissante et rageuse. Une force d’interprétation sans égal. Voilà près de deux décennies que Furax Barbarossa sublime l’art de la rime et de la performance, avec une discrétion pour le moins paradoxale : fer de lance d’une scène underground hyperactive, bien que tenue à l’écart des projecteurs, le Toulousain jouit d’une solide popularité auprès de son public. Suivi de près par les initiés et autres adeptes d’un rap authentique, sombre et intransigeant, la simple annonce de son blaze suffit à remplir les salles de concert, de Toulouse à Grenoble, en passant par Paris, la Belgique ou la Suisse. Au-delà d’une énergie intarissable et d’une présence quasi-bestiale sur les planches, Furax, c’est une voix, un charisme, une prestance. C’est aussi — et surtout — une écriture sans filtres, précise et imagée. Impressionnant de maîtrise, capable de faire rimer ses phases sur plus d’une dizaine de syllabes sans jamais sacrifier le fond, Furax est l’un des plus fins techniciens de l’hexagone. Stylo en main, l’artiste tombe le masque et laisse place à ses pensées les plus sombres, qui viennent s’entrechoquer avec finesse ou fracas.

Furax, c’est également une productivité constante et rigoureuse, au service d’une réelle passion. Maxi, EP, albums en solo, en duo, en collectif… En tout, le Pirate à la Barbe Rousse compte plus d’une dizaine de projets au compteur, depuis son premier opus en 2004 (Crash Test). Auditeur averti depuis l’enfance, véritable touche-à-tout, Furax a grandi avec la musique en toile de fond et s’est essayé à différents genres, divers instruments (batterie, guitare) avant que ne survienne le déclic. Alors qu’il écume les teknivals d’Europe en camion, Fu’ rencontre l’écriture dans des circonstances plutôt singulières : planté devant un mur de son de 25 000 watts qui crache des beats sombres et crasseux, il décide de gratter son premier 16 mesures. La machine est en marche. De cette découverte insolite des mécanismes du rap — trouver l’inspiration, écrire, puis rapper —, il en gardera le côté brut et spontané. Tout au long de sa carrière, c’est la musique et les émotions qu’elle véhicule qui l’animeront, le guideront et l’aideront à coucher ses textes.

Entre 2004 et 2010, pas moins de 5 projets viennent noircir sa discographie : de ses débuts avec la Section Marécage (Crash Test, État des Lieux, Black Album), à son rapprochement de la Polychrome 7 (En bas de l’échelle, Jour de Deuil avec Reda) avec qui il retourne les scènes de la ville rose, son blaze s’inscrit progressivement sur l’échiquier du rap indépendant et dans l’esprit des aficionados. Illustrés par les pépites qui composent En Bas de l’Échelle (Croisades), sa plume et ses schémas de rime ne laissent personne indifférents.

Fil conducteur de son évolution, l’aventure en collectif va de pair avec sa manière de concevoir la musique : début 2010, Polychrome 7 n’est plus, mais la Bastard Prod prend le relais. Ses membres Sendo, Abrazif, 10vers, Toxine (beatmaker attitré) et Furax, tous amis de longue date, continuent à partager et faire vivre leur amour du hip hop, en écumant les routes et les salles de concert. En chemin, ils font des rencontres et tissent des liens avec d’autres MC’s : c’est ainsi que naît Inglourious Bastardz, collectif international qui regroupe des artistes de France (Swift Guad, Jeff le Nerf), de Belgique (Scylla, L’Hexaler), de Suisse (Le S’1Drom, L’1solence, DJ Vice) et le reste de l’équipe toulousaine, le temps d’un projet éponyme.

Jamais inactif, Furax s’attelle en parallèle à un nouvel opus solo, qui demeure à ce jour et à ses yeux sa pièce maîtresse : paru en 2014, Testa Nera comporte quelques-uns des titres les plus forts de sa carrière (Qui me demande ?, Mauvais Vent, L’étoile noire, Fin 2012, etc.) et ne déçoit certainement pas sa fanbase traditionnelle, qui l’attendait de pied ferme. Mais après avoir mis son cœur et ses tripes dans cet album, Furax ressent une certaine lassitude face à un impact somme toute limité. La passion estompe rapidement ce sentiment et le Toulousain enchaine sur un projet commun avec Jeff le Nerf, avec qui il nourrit une alchimie évidente depuis Le Préau te cause (2009). Jeff et Fu’ croisent leurs plumes aiguisées le temps de 13 morceaux sur le très bon Dernier manuscrit. Quelques mois plus tard, la Bastard Prod dévoile enfin son propre album, annoncé de longue date et fidèle à la direction du groupe — 100 comme un chien.

Conscient du plafond de verre que son manque d’exposition (longtemps voulu) lui impose, Furax commence à nourrir de nouvelles ambitions. Entre-temps, il renoue avec Guilty, chef de file du collectif de beatmakers Katrina Squad (SCH, Leto, Ninho, etc.), avec qui il avait collaboré au début de la décennie (La Punition). Ce même Guilty, alors en pleine réalisation du long format JVLIVS de SCH, l’invite à participer à la création de l’album, à l’écriture des interludes plus précisément (qui seront interprétées par l’acteur José Luccioni —voix française d’un certain Al Pacino). L’expérience est concluante, mais surtout, elle ouvre un nouveau chapitre dans la carrière de Furax. Le Toulousain décide de signer chez Jardins Noirs, structure locale tout juste créée, pour y sortir son prochain album. Jamais avare de travail, Furax profite de cet élan (et du confinement) pour dévoiler deux nouveaux projets : le premier, À l’isolement, regroupe une série de freestyles diffusés sur la toile, pendant que le monde était à l’arrêt. Le second, Cha o Ha, est un EP 5 titres, qui annonce l’ouverture de l’artiste vers de nouvelles couleurs, même si la base musicale et le propos restent dans la continuité ce qu’il a toujours proposé. Visuellement, un cap est également franchi entre les excellents clips de Mona Lisa et surtout Crazy Horse.

17 ans après sa première apparition sur disque, 2021 s’annonce comme une année charnière pour le pirate du sud de la France. Enfin à l’aise avec l’idée que les projecteurs éclairent la noirceur qui le caractérise, et épaulé par une équipe solide, déterminée à le mettre dans les meilleures dispositions, Furax Barbarossa s’apprête à gravir un nouveau palier. Et celui-ci devrait être de taille !