Portes: 20h | Entrée côté Rhône

12 .- prélocs & membres | 15.- sur place

BILLETTERIE

Événement en collaboration avec l’ICAM – L’Olivier


Originaire de Casablanca, Asmâa Hamzaoui, 21 ans, fille du maâlem (grand maitre) Rachid Hamzaoui, est en passe de devenir l’une des nouvelles énergies du Maroc du XXIème siècle. Elle joue du gumbri, l’instrument sacré de la musique et de la culture gnawa. Cet instrument de bois et de peau de chèvre, sorte de luth à trois cordes que l’on frappe est traditionnellement réservé aux hommes.

Initiée à l’âge de six ans par son père, elle en a maitrisé la pratique à 9 ans et elle est désormais l’une des très rares (sinon la seule – on pense notamment à l’Algérienne septuagénaire Hasna El Becharia et à son Diwan) à jouer de cet instrument sacré en public.

Effectivement les femmes sont autorisées à manier le luth, mais en privé, impensable de les entendre lors des cérémonies et rituels ésotériques de l’art tagnaouite (la tradition des gnawas). Des générations de maâlems se transmettent ce titre de père en fils. Il existe bien dans la tagnaouite un rôle spécifique dévolu aux femmes: celui de voyante-thérapeute, à qui revient d’organiser la lila (soirée de transe) et d’accompagner le rituel jusqu’à son terme. Mais la fonction musicale continue quant à elle d’être une prérogative masculine.

Déterminée plus que rebelle, Asmâa a brisé ce tabou, en 2017 au Festival Gnawa d’Essaouira avec son groupe exclusivement féminin Bnat Timbouktou (Les filles de Timbouktou). Aux dires de tous, l’un des évènements les plus marquants de cette édition. Une prestation pleine d’autorité, de charme et qui a révélé également un incroyable talent vocal. Le groupe se compose d’Aicha Hamzaoui, la sœur de Asmâa, de Soukaina Emeliji et de Lamgammah Hind. Toutes manient les crotales (les karkabous, percussions à main en métal, autre pilier de la musique gnawa) et les chœurs. Déterminées surtout à féminiser un art qu’elles respectent par dessus tout et qu’elles espèrent pouvoir présenter dans le monde entier.

Désormais détentrice du titre de maâlema, Asmâa Hamzaoui, brûle les étapes et brûle d’amour pour son art. Elle revendique pourtant de s’attacher davantage à l’aspect musical, culturel et patrimonial de la tradition gnawa au détriment de son aspect rituel et ésotérique.
Ce qui ne fait aucun doute c’est qu’elle croit en son destin et en sa mission de féminisation d’un domaine encore très machiste. Jouer de la musique, se produire sur scène avec son gumbri, passe aujourd’hui avant tout autre considération.

Depuis vingt ans à Essaouira, au Maroc, le festival Gnawa réunit les maîtres de la musique Gnawa et des artistes de tous les pays. Devant un public international, on y célèbre la tradition d’une culture et son ouverture au Monde. L’attrait exercé par la musique Gnawa sur les musiciens occidentaux ne date d’ailleurs pas d’hier. Déjà dans les années 60, Jimi Hendrix traînait sa Fender du côté d’Essaouira et, avant Robert Plant et Jimmy Page, le jazzman Randy Weston et bien d’autres étaient allés puiser leur inspiration dans cette musique de transe marocaine.

Enregistré entre Casablanca et Stockholm (le label Ajabu! est suédois), ce premier album, «Oulad Lghaba» («Les enfants de la forêt») est la première pierre dans le jardin de l’émancipation d’une artiste qui n’a pas froid aux yeux et dont on devrait entendre parler partout et bientôt.